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Doublé historique à Lyon où deux inconnus du grand public, Grégory Doucet et Bruno Bernard, ont réussi à ravir la mairie et sa métropole. Les Verts vont diriger la deuxième agglomération de France.
« Lyon est au rendez-vous ; nous sommes au rendez-vous. Lyon a choisi l’écologie », a solennellement commenté Grégory Doucet, ému pour son premier grand discours politique au soir de sa victoire face à la baronnie Collomb avec une coalition réunissant EELV et les partis de gauche.
Selon un calcul effectué à partir des résultats fournis par la préfecture du Rhône, les Verts devraient détenir plus de 50 sièges sur 73 à la mairie. Bruno Bernard affirme de son côté avoir consolidé 84 sièges sur 150 à la métropole, qui réunit 59 communes. Une large victoire toutefois ternie par une abstention massive, estimée à 62 % rien qu’à Lyon.
« Nous sommes prêts et serons au travail dès demain », a embrayé Bruno Bernard, estimant qu’il fallait « passer aux actes » face « à un grand besoin d’écologie ». Avec Lyon et le Grand Lyon, EELV tient sa plus importante prise lors de cette vague verte du second tour. Jusqu’à présent, ils ne dirigeaient qu’une poignée de villes, dont la plus grande était Grenoble.
Face aux inquiétudes, Grégory Doucet, cadre dans l’humanitaire de 46 ans, a immédiatement promis de ne pas conduire de politique « contre les Lyonnaises et les Lyonnais ». Aux chefs d’entreprise de la première ville industrielle de France qui n’avaient pas caché leur hostilité, Grégory Doucet a assuré que « l’écologie n’est pas l’ennemie de l’économie, c’est sa meilleure alliée ». « Nous savons bien sûr que nous sommes observés, scrutés ce soir », a-t-il ajouté, se disant conscient de sa nouvelle « responsabilité ».
Parcours fulgurant
C’est un parcours en effet fulgurant pour ce néo-Lyonnais qui n’avait jamais été élu et va devenir maire de la troisième ville de France. Et pour Bruno Bernard, qui, en tant que chef d’entreprise, a un profil atypique chez EELV, dont il est devenu membre du bureau exécutif.
Pendant le confinement, ils sont restés très discrets. Pour mieux se préparer, assurent leurs équipes. À la mairie, Doucet a d’ailleurs déjà dit qu’il nommerait Audrey Hénocque comme première adjointe. Cette femme de 38 ans, tétraplégique depuis l’adolescence, était cadre à la région dirigée par Laurent Wauquiez.
« Ce résultat est dans la logique de la vague constatée lors des Européennes et au moment des dernières marches climat à Lyon. Maintenant il va falloir que Doucet, un homme de terrain, et Bernard, un homme d’appareil, s’entendent et que leurs équipes se façonnent politiquement car il y a beaucoup de nouveaux venus », analyse le politologue Romain Meltz, chercheur associé au laboratoire Triangle de l’ENS Lyon.
Face à eux, l’étonnant front Buffet/Collomb avait agité le péril vert, avec risques, selon eux, de dérive idéologique et d’une paupérisation au sein de la première ville industrielle de France.
La page Collomb est tournée
Bruno Bernard et Grégory Doucet se disent ni décroissants ni idéologiques. Ils veulent planter des forêts urbaines, freiner les constructions comme dans le quartier de la Part-Dieu, accélérer la rénovation thermique des logements, créer un Réseau Express Vélo (REV) de 450 km, inciter à un à deux jours de télétravail/semaine pour désengorger les transports publics ou proposer dans les cantines des repas 100 % bio avec 50 % d’approvisionnement en local.

La page Gérard Collomb, qui dirigeait la ville depuis près de vingt ans, est désormais tournée. Ce dernier avait déjà quitté le devant de la scène en renonçant à briguer la tête de la métropole, son bébé, lorsqu’il a rallié la droite entre les deux tours. Malgré une fin crépusculaire, il aura incontestablement marqué la ville, notamment avec la construction de nouvelles tours à la Part-Dieu, la piétonnisation des berges du Rhône ou l’implantation du vélo en libre-service (Vélo’v) dès 2005, deux ans avant Paris.
Et pour Collomb, battu même dans son fief du 9e arrondissement, les Verts « vont devoir maintenant être à la hauteur de l’enthousiasme qu’ils ont suscité ». « Il n’y aura pas d’opposition mais parfois le réel peut être une opposition », conclut Romain Meltz.
June 29, 2020 at 01:32PM
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