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Le président libanais rejette l'idée de toute enquête internationale sur la double explosion à Beyrouth - Le Monde

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Un chien de l’équipe de secours française recherche des survivants sur les lieux de l’explosion survenue dans le port de Beyrouth, au Liban, le vendredi 7 août 2020.

Les secouristes continuaient de fouiller, vendredi 6 août, les décombres du port de Beyrouth, après la gigantesque explosion survenue mardi, qui a fait plus de 150 morts. Près de l’épicentre de la détonation, les secouristes libanais, mais aussi français, italiens, allemands coordonnaient leurs efforts.

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Vendredi matin, quatre corps ont été retrouvés dans le port presque entièrement détruit. La double explosion a fait également plus de 5 000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri dans les quartiers voisins, dévastés, alimentant la colère de la population contre la classe politique, accusée d’incompétence et de corruption.

  • Le président libanais n’écarte pas la possibilité qu’une « bombe » soit à l’origine de la double explosion

Vendredi après-midi, le président libanais, Michel Aoun, a déclaré lors d’une discussion devant des journalistes que les investigations sur l’origine de l’explosion chercheraient à répondre à trois questions, dont celle de « la possibilité d’une interférence extérieure ». « Au moyen d’un missile, d’une bombe ou d’un autre moyen », a précisé M. Aoun lors de l’entretien, selon des propos rapportés par L’Orient-Le Jour.

Lors de la même prise de parole, M. Aoun a, par ailleurs, rejeté la possibilité qu’une enquête internationale soit lancée, une initiative à laquelle Emmanuel Macron avait apporté son soutien lors de sa venue à Beyrouth, jeudi. Pour le président libanais, une telle enquête « diluerait la vérité ».

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Les deux autres axes de l’enquête porteront sur les conditions d’arrivée et de stockage des 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, ainsi que de vérifier si « l’explosion est le résultat d’une négligence ou d’un accident », selon le président. C’est la première fois qu’un responsable libanais évoque une piste extérieure dans l’affaire de l’explosion, les autorités affirmant jusqu’à présent qu’elle a été provoquée par un incendie dans l’énorme dépôt où était stocké le produit chimique.

Le chef de l’Etat, âgé de 85 ans, a ajouté avoir « personnellement » demandé jeudi au président français, qu’il a reçu au palais présidentiel, « de nous fournir des images aériennes pour que nous puissions déterminer s’il y avait des avions dans l’espace [aérien] ou des missiles » au moment de l’explosion mardi.

« Je nie totalement, catégoriquement, qu’il y ait quoi que ce soit à nous dans le port, ni entrepôt d’armes, ni entrepôt de missiles (…) ni une bombe, ni une balle, ni nitrate » d’ammonium, a martelé en retour le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une allocution télévisée, vendredi après-midi. Des accusations ont circulé dans les médias ou au sein de l’opinion publique depuis la double explosion, évoquant l’influent mouvement chiite libanais.

  • De premières aides avant une conférence des donateurs

Un secouriste français pendant les recherches dans le port dévasté de Beyrouth, le 7 août 2020.

Les autorités n’ayant pas mis en place de dispositif pour aider les citoyens, des centaines de Libanais se sont mobilisés pour poursuivre les opérations de déblaiement ou accueil des sans-abri. Plusieurs pays, parmi lesquels la France, ont eux dépêché du matériel médical et sanitaire ainsi que des hôpitaux de campagne. L’Union européenne a débloqué 33 millions d’euros en urgence et l’armée américaine a envoyé trois cargaisons d’eau, de nourriture et de médicaments.

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Dans l’immense cité sportive de Beyrouth, la Russie a installé un hôpital de campagne, dressant une vingtaine de tentes médicales où les premiers patients ont commencé à arriver, les hôpitaux de la capitale étant saturés.

Les agences de l’ONU ont lancé un appel urgent à la solidarité internationale. Vendredi, la Commission européenne a annoncé la tenue d’une conférence des donateurs pour coordonner l’aide apportée au Liban. D’abord annoncée pour dimanche par la Commission, celle-ci s’est finalement ravisée avant de laisser la main sur le calendrier à la présidence française, selon l’Agence France-Presse (AFP).

Donald Trump a annoncé qu’il participerait dimanche à une visioconférence internationale de donateurs. Il « s’est engagé à poursuivre l’aide américaine en acheminant du matériel d’urgence afin de répondre aux besoins sanitaires et humanitaires durant ces temps difficiles », a déclaré la Maison Blanche. Les Etats-Unis ont envoyé « trois grands avions » remplis de matériel médical, d’eau et de nourriture, a détaillé le président américain sur Twitter, précisant que du personnel médical et des techniciens étaient également « en route ».

  • Des appels à manifester samedi

Cette détonation d’une puissance inouïe, la plus dévastatrice qu’ait vécue le Liban, a alimenté la colère de la population, qui avait déclenché en octobre 2019 un vaste mouvement de protestation contre la classe dirigeante. L’indignation est d’autant plus grande que le gouvernement s’est avéré incapable de justifier la présence du nitrate d’ammonium dans le port « sans mesures de précaution », de l’aveu même du premier ministre.

Jeudi soir, les forces de l’ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes dans le centre-ville pour disperser des dizaines de manifestants dénonçant l’incompétence et la corruption des autorités. Des appels circulent sur les réseaux sociaux pour une manifestation antigouvernementale samedi, sous le thème « Pendez-les ».

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  • Les Libanais craignent une pénurie de pain

Un bateau qui a explosé, avant d’être jeté à terre dans le port de Beyrouth, le 7 août 2020.

La destruction du port de la capitale a encore restreint l’accès à la nourriture d’une population qui importe 85 % de ses besoins alimentaires, dont le blé. Ce dernier est nécessaire à la production des galettes de pain, indispensables à chaque repas libanais, et vendues aujourd’hui au prix subventionné de 2 000 livres libanaises (1,2 euro) le paquet de 900 grammes.

Quelque 15 000 tonnes de blé, de maïs et d’orge entreposées dans les imposants silos, vieux de 55 ans, ont été projetées par l’explosion et une minoterie voisine a été détruite. Tant les boulangeries que les consommateurs craignent que la destruction de ces silos, d’une capacité de 120 000 tonnes, n’entraîne une pénurie de blé.

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  • Seize fonctionnaires arrêtés

Seize fonctionnaires du port et des autorités douanières ont été arrêtés et placés en détention dans le cadre de l’enquête. Le président libanais, Michel Aoun, a affirmé vendredi que « vingt personnes » étaient aujourd’hui « visées par l’enquête et les procédures ».

Les autorités du port, les services des douanes et certains services de sécurité étaient tous au courant que des matières chimiques dangereuses y étaient entreposées mais ils se sont rejeté mutuellement la responsabilité. Outre le nitrate d’ammonium, le procureur militaire a évoqué la présence de « matériaux hautement inflammables et des mèches lentes », selon un communiqué.

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Nos articles sur l’explosion à Beyrouth, au Liban

Le Monde avec AFP




August 07, 2020 at 06:24PM
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